L’assemblée générale constitutive de ‘Sauve qui poule 83’ s’est tenue le 2 février, à Correns. © G. Lantes
Face à la propagation de l’influenza aviaire en Europe, la France a renforcé les mesures de lutte et l’ensemble des éleveurs du territoire métropolitain doivent enfermer leurs volailles, depuis début novembre. La Confédération paysanne du Var, les Amap de Provence et AgribioVar se mobilisent depuis pour dénoncer "un confinement systématique qui met en péril l’élevage de plein air". Après avoir organisé une symbolique dernière vente d’œufs plein air pour alerter le grand public1, éleveurs et consommateurs se regroupent aujourd’hui au sein d’une association. 'Sauve qui poule 83' se construit sur le modèle initié en 2016 dans le Vaucluse. Le collectif vauclusien, qui réunit aujourd’hui une quinzaine d’éleveurs et plus de 600 consommateurs, fait des petits aux quatre coins de France.
Une mesure jugée contre-productive
Dans le Var, 'Sauve qui poule' est née à l’issue de l’assemblée générale constitutive organisée le 2 février à Correns, en présence d’une quarantaine d’éleveurs et consommateurs qui réclament des mesures adaptées aux élevages fermiers de plein air. "Déjà, l’an dernier, on a dû enfermer nos volailles d’octobre à mars, et cette année, cela peut durer jusqu’en mai. Cela ne traite pas l’origine du problème selon nous. C’est dans les élevages industriels – où les bêtes sont enfermées à haute densité et transportées en masse d’un site à l’autre pour être élevées, gavées, puis abattues – que l’on retrouve quasiment tous les cas de grippe aviaire", introduit Nina Lejeune, éleveuse de poules pondeuses à Sillans-la-Cascade.
"Dans le Var, le risque est faible. La filière volaille est en plein développement, mais les installations se font sur de petits élevages de plein air en autarcie. On reçoit les poussins à un jour, et les volailles ne ressortent qu’une fois prêtes à vendre. Malheureusement, toutes les mesures de biosécurité sont pensées pour les élevages industriels, alors que l’on construit nos élevages de manière totalement différente. Dans l’élevage industriel, les bêtes sont déjà enfermées, ont le bec coupé et tout ce petit monde est sous antibiotique. Le risque sanitaire est accru par la densité, et cela engendre du mal-être pour nos animaux. L’autre risque, alors qu’on a la chance de travailler dans un esprit de coopération et de dialogue avec la Direction départementale de la protection des populations (DDPP), c’est que le lien se dégrade. C’est totalement contre-productif", poursuit Élisa Apostolo, éleveuse de volaille de chair à Varages.
Pour pouvoir déroger à l’obligation de claustration, les éleveurs ont aujourd’hui peu d’options. "On ne peut obtenir une dérogation que si un vétérinaire vient constater le mal-être des animaux confinés. Ce qui veut dire que les volailles sont déjà mal en point. On peut alors être autorisé à les sortir, mais sur un parcours qui reste réduit. Ça ne règle pas le problème", précise Nina Lejeune. "En tant qu’éleveurs, on est formé à la biosécurité. On fait des suivis, avec des analyses. Notre intérêt est de protéger nos volailles. Et l’enfermement va à l’encontre du bien-être animal", ajoute l’éleveuse.
Soutien indispensable des consommateurs
'Sauve qui poule 83', dont la gouvernance s’appuie sur un groupe de pilotage composé de quatre éleveurs et quatre consommateurs, entend faire connaître au grand public ces difficultés et leurs conséquences. Il s’agit aussi de défendre une production de proximité et de qualité. "On ne perd, pour le moment, ni le label plein air, ni la certification bio. Pourtant, l’enfermement remet en cause ces signes de qualité. Peu de gens savent qu’en ce moment les boîtes d’œufs marquées plein air qu’ils achètent dans les magasins ne sont en fait pas plein air, à moins que l’éleveur se mette dans l’illégalité", explique Élisa Apostolo. Récemment, une éleveuse du collectif 'Sauve qui poule' Vaucluse qui faisait de la résistance s’est vue mise en demeure d’enfermer ses volailles, sous peine de sanctions financières et administratives lourdes. "Quand on voit passer la gendarmerie régulièrement, on se sent vraiment sous pression, alors qu’on fait de la désobéissance engagée. C’est très difficile psychologiquement. Après la mise en demeure, si on refuse d’enfermer les animaux, ils doivent être testés et on a interdiction de remettre des lots en place. On risque une amende de 750 euros par volaille et, à terme, une fermeture administrative", témoigne cette dernière. Le soutien des consommateurs est d’autant plus précieux pour les éleveurs.
'Sauve qui poule 83' invite donc à la mobilisation générale "pour promouvoir le plein air et l’agriculture paysanne de proximité, à taille humaine et ancrée localement".
Gabrielle Lantes
Contact : contact.sauvequipoule83@framalistes.prg
(1) Voir notre édition du 26 novembre 2021.
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