La reprise des cours, dont les modalités restent à définir après les annonces d’Emmanuel Macron du 13 avril, “sera forcément compliquée”, reconnaît le directeur du lycée Provence Verte.
“On n’est jamais préparé à ce type d’événement“ : Christian Brayer, le directeur du lycée agricole privé Provence Verte, à Saint-Maximin, résume d’une formule le sentiment qu’ont ressenti ses homologues et les équipes pédagogiques, après l’annonce des mesures de confinement, le 12 mars dernier. Comme pour le lycée Provence Verte, “assurer la continuité pédagogique“ est aussi la priorité de Philippe Capillon, directeur de l’Agricampus Var, lycée agricole public qui dispose de deux sites, l’un à Hyères et l’autre aux Arcs. “De ce point de vue, la capacité d’adaptation des équipes a été phénoménale“, se félicite Philippe Capillon. Les deux établissements se sont pour cela appuyés sur des plates-formes interactives – comme Pronote ou laviescolaire.fr –, sortes de carnet de correspondance 2.0, utilisées tout au long de l’année. Les familles et les élèves peuvent y retrouver en ligne, relevés de notes, courriers, cahiers de textes, notifications d’absences… “C’est un outil qui fonctionne bien, mais qui s’est avéré limité pour l’enseignement à distance“, note Christian Brayer. “Il n’est pas possible, par exemple, d’y mettre en ligne des cours audio“, regrette ce dernier. “Nous utilisons donc, en complément, la plate-forme de jeux en ligne Discord, utilisée par 80 % de nos élèves.“
Pas question pour autant de s’y retrouver entre ‘gamers’ : l’objectif est d’abord de suivre, en direct et en vidéo, les cours dispensés par la moitié des enseignants du lycée Provence Verte, qui a opté pour ce système de cours virtuels. Le principe est le même pour les professeurs et les élèves de l’Agricampus qui utilisent Pronote. Ces derniers peuvent y consulter leur cahier de textes, mais également suivre des cours en ligne. Là aussi, les équipes enseignantes ont fait preuve d’ingéniosité : “Des outils numériques comme Zoom, largement utilisés par les élèves, nous permettent de proposer des conférences en audio ou en vidéo“, commente Philippe Capillon.
Éviter le décrochage scolaire
Si ces solutions alternatives permettent d’assurer une continuité, même virtuelle, avec les équipes pédagogiques, elles ont aussi mis en lumière les disparités en matière d’équipement informatique entre les familles. “Pour certaines d’entre elles, cela génère des conflits d’usage et d’accès à l’ordinateur, quand les parents télétravaillent, ou avec les membres de la famille, s’ils sont eux aussi scolarisés. Sans compter que certains élèves n’ont pas d’ordinateur, ou habitent dans des zones blanches, mal couvertes par les fournisseurs d’accès à Internet ou les opérateurs de téléphonie mobile.“ Dans les deux établissements, des tablettes ont donc été prêtées pour éviter un décrochage scolaire, “qui touche en priorité les élèves les plus en difficulté“, notent les deux directeurs.
Dans chacun des établissements, la durée du confinement et l’éventuelle reprise des cours d’ici les vacances d’été sont dans toutes les têtes. Un casse-tête d’autant plus compliqué à gérer pour les équipes de direction que les directives et les textes officiels des ministères de l’Agriculture et de l’Éducation Nationale arrivent au compte-gouttes. “Début mai, mi-mai voire pas du tout ?“ À la veille du discours du président de la République, la question d’une éventuelle reprise des cours « normaux » restait entière pour Christian Brayer, qui s’adapte au jour le jour. “Quoi qu’il en soit, la suite sera forcément compliquée“, reconnaît le directeur du lycée Provence Verte : “Après quatre semaines de confinement, le sentiment d’isolement est pesant pour les élèves, comme pour les enseignants“.
“ Les annonces de Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation Nationale, – concernant le bac 2020 et la décision d’un contrôle continu – ont parfois créé un peu de flottement. Et cela s’est traduit par une baisse des connexions sur la plateforme laviescolaire.fr“, constate par ailleurs le directeur d’Agricampus. “Un rappel à l’ordre était nécessaire, pour expliquer à certains que le 3e trimestre est important, et que les jurys pourront se baser sur les appréciations des professeurs durant la période de confinement.“ La période post-vacances de Pâques est, de ce fait, attendue avec un peu d’appréhension par les équipes pédagogiques, qui craignent un relâchement : “Il faudra remobiliser les élèves“, prévient Philippe Capillon.
Si les stages prévus pour les élèves de collège et de lycées sont annulés, par décision du ministre de l’Agriculture, une cinquantaine de jeunes qui suivent un cursus d’apprentissage au sein du lycée Provence Verte continuent, eux, de travailler dans des exploitations agricoles. “Certaines sont pénalisées par le manque de saisonniers et ont demandé aux jeunes, qui le souhaitaient, de rester. Le volet théorique, habituellement dispensé au sein du lycée reste assuré par visioconférence“, avec parfois certaines difficultés en raison d’un taux d’équipement informatique moindre que pour les élèves inscrits en lycée. “La plupart des entreprises qui accueillent nos apprentis poursuivent leur activité. Seuls 15 % d’entre eux sont en chômage technique“, note, pour sa part, Philippe Capillon. Enfin, certaines formations pour adultes, comme ‘Conseiller en naturopathie’, ont été purement et simplement suspendues. “Nos intervenants viennent de toute l’Europe. Avec la fermeture des frontières, il devenait impossible de la poursuivre dans de bonnes conditions“, précise le directeur de l’Agricampus Var. D’autres, comme la formation au Brevet professionnel responsable d’entreprise agricole (BPREA) sont maintenues, avec des cours assurés par audio ou vidéoconférence. “Il s’agit d’un public particulièrement motivé : chacun d’eux a en ligne de mire un projet d’installation !“, rappelle Philippe Capillon.
Des changements profonds dans la manière d’enseigner
La poursuite de l’exploitation agricole – implantée dans chacun des deux établissements d’enseignement agricole varois – est un autre sujet de préoccupation. Au lycée Provence Verte, les légumes produits au sein de l’exploitation pédagogique, et transformés dans la légumerie, servent d’habitude à la préparation des repas servis à la cantine scolaire. “Plusieurs apprentis y travaillent, en respectant les gestes barrières. Nous donnons désormais à l’EHPAD de Saint-Maximin les fruits et légumes produits sur place. Nous leur avons aussi offert notre stock de masques constitué en 2009, en prévision d’une éventuelle épidémie de virus H1N1“, indique Christian Brayer. Son homologue d’Agricampus Var commercialise, quant à lui, chaque vendredi, sur le site du lycée, les fruits et légumes produits sur place. “Nous accueillons aussi des exploitants agricoles locaux, très contents d’avoir un lieu pour vendre leur production“, se réjouit-il.
Les effectifs que son établissement accueillera à la rentrée prochaine restent, en revanche, une équation difficile à résoudre pour Philippe Capillon : la journée portes ouvertes – prévue à l’origine le 14 mars, et qui devait se dérouler conjointement sur les sites des Arcs et de Hyères – a été reportée au 16 mai. “Mais cette date de report est elle-même susceptible d’être annulée“, concède Philippe Capillon. Christian Brayer est plus optimiste, même s’il n’a aucune certitude sur la tenue de la journée portes ouvertes, fixée au 30 mai : “Le cursus ‘Production animale’ est complet ; une vingtaine d’élèves est d’ores et déjà inscrite à celui dédié à la vigne et au vin. Ceux consacrés aux services à la personne font le plein… Je ne suis pas trop inquiet pour la rentrée 2020-2021“. Pour ce dernier, l’épidémie de Covid-19 aura néanmoins “des répercussions sur notre approche des notions de durabilité et de biodiversité : les crises de ce type apparaîtront de plus en plus dans les années à venir. Elle introduira également des changements profonds dans notre manière d’enseigner, avec la montée en puissance du numérique, plus adaptée pour certains élèves“. Mais pas uniquement : “En cette période de défiance vis-à-vis de la mondialisation, les consommateurs redécouvrent l’importance d’une agriculture et d’un approvisionnement local. Nous avons aussi pris conscience de notre fragilité collective et de la nécessité d’être plus solidaire“.
Julien Dukmedjian
Lycée privé Provence Verte : Chemin du Prugnon, 83470 Saint Maximin, Tél. : 04 94 86 52 93, www.lycee-provence-verte.fr
Agricampus Var : www.agricampus.fr
Site de Hyères : 32 Chemin Saint-Lazare, 83400 Hyères, Tél. : 04 94 01 35 55
Site des Arcs : RD 555, “Les Magnanarelles“, 83460 Les Arcs-sur-Argens, Tél. : 04 98 10 40 10
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