Var 27/06/2022
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La ‘Miellerie de l’Oratoire‘ bourdonne d’idées

Apiculteurs transhumants au Castellet, Virginie et Olivier Paxé ont développé une large gamme de produits dérivés, issus de leur production mellifère et commercialisés en vente directe exclusivement. Une stratégie qui leur permet d’atténuer le manque à gagner en cas de baisse de production.

Virginie Paxé, au centre, entourée de ses collaboratrices. © J. Dukmedjian

Chez les Paxé, l’apiculture est une passion familiale communicative : “C’est mon père qui m’a donné le virus de ces petites bêtes. Il était lui-même tombé en extase alors qu’il n’avait que quatre ans”, raconte Olivier Paxé, à la tête – avec son épouse Virginie – du Gaec la ‘Miellerie de l’oratoire’. Une fascination que le quadragénaire – qui s’est installé en 1999, après l’obtention d’un BTS agricole spécialisation apiculture validé au lycée de Hyères – a naturellement transmis à sa compagne. “Je n’étais pas issue du monde agricole, contrairement à Olivier. Après un cursus scientifique, je m’étais orientée vers la profession de diététicienne. Il m’a emporté dans sa passion... et je me suis reconvertie dans l’apiculture sans regrets”, sourit Virginie Paxé. Elle s’est progressivement investie dans l’entreprise, avec l’ambition de la développer, sur le plan commercial.

Nous avons débuté avec 200 ruches, au départ, puis 400. Nous en possédons désormais 600”, raconte l’apicultrice. Ça représente déjà un travail conséquent : il n’est donc pas question de monter en puissance. “Nous sommes arrivés à notre rythme de croisière”, note Virginie Paxé. D’autant que le couple pratique l’apiculture transhumante, du printemps à l’automne, afin de suivre les floraisons. Ce qui implique de voyager de nuit, après avoir chargé les ruches sur un camion pour arriver au petit matin sur le lieu choisi, où les ruches seront positionnées. Le début de la campagne débute en mai, dans le Jura, pour produire les miels d’acacias. Suivent ceux de fleurs de garrigue et de romarin... quand les pluies de printemps sont au rendez-vous, puis ceux de lavande sur le plateau de Valensole.

La saison du miel de lavande sera plus courte cette année, en raison des faibles précipitations. Les producteurs prévoient d’araser les lavandes à la mi-juillet”, poursuit Virginie Paxé. La campagne s’achève traditionnellement en Ardèche, avec la floraison du châtaignier et les fleurs de prairies. Un parcours bien rodé au fil des années, mais qu’Olivier Paxé doit adapter en permanence, en fonction des conditions climatiques... “Cette campagne se présentait bien, après une année 2021 catastrophique. Mais avec la sécheresse actuelle et la hausse brutale des températures, la suite de la saison est plutôt incertaine”, s’alarme-t-elle.

La vente directe : un choix assumé

Comme beaucoup d’apiculteurs, le couple a optimisé le travail, avec un partage des tâches bien défini : “Olivier se charge du transport des ruches, vers les lieux de transhumances, de leur entretien et de l’élevage des reines. Je m’occupe pour ma part du volet commercial, de la communication et de la transformation”, détaille l’apicultrice qui a souhaité, dès le départ, s’impliquer dans l’exploitation. “Je suis restée quelques années conjointe collaboratrice. Je prenais en charge une partie du volet production (extraction du miel, mise en pots...). Mais j’avais envie d’aller plus loin. J’ai obtenu une équivalence au BPREA, en Validation des acquis de l’expérience, et nous avons fait évoluer la forme juridique de l’exploitation, d’une exploitation agricole individuelle vers un Gaec. Cela nous a permis de racheter des ruches supplémentaires, et de trouver un équilibre sur le plan professionnel, mais aussi personnel” confie Virginie, dont l’objectif était de se diversifier et de développer le volet transformation, en commercialisant des pâtisseries et des produits cosmétiques. “Ma mère et mon beau-père étaient pâtissiers... Cela m’a beaucoup aidé pour mettre au point les recettes et commercialiser notre production”, raconte-t-elle.

C’est ainsi qu’elle a développé, en quelques années, une gamme complète de produits dérivés à forte valeur ajoutée : bougies, savons, vinaigre au miel, mais aussi des douceurs fabriquées sur place : pains d’épices, croquants au miel, nougats, des ‘Crottins du Castellet’ – une création maison inspirée des calissons –, des confitures, des pâtes de fruits et même des gâteaux sans gluten à la farine de châtaigne. Autant de produits transformés qu’elle propose exclusivement dans le point de vente de la miellerie, et sur le site internet marchand de l’exploitation, en parallèle à une dizaine de variétés de miel : une stratégie de diversification et de vente directe qui permet de compenser la pénurie de miel, les mauvaises années.

Des produits transformés sur place

L’apicultrice a également mis en place des visites (payantes) de la miellerie, pour les groupes et les scolaires, ainsi que des ateliers pour les enfants. Des stages ou des week-ends de formation à l’apiculture sont également en projet, “sur le modèle de l’agritourisme et des hébergements à la ferme, pour répondre à la forte demande de particuliers qui souhaitent acquérir des ruches, pour leur plaisir personnel ou dans l’optique de devenir à terme professionnels”, précise-t-elle.

En parallèle à la large gamme de produits transformés, le couple propose aussi à la vente des compléments alimentaires, pour lesquels la demande des consommateurs reste forte. “Nous produisons de la gelée royale, transformée par un confrère du nord de la France, et du pollen frais” – entre 350 et 800 kg, en fonction des années – issus des fleurs sauvages des collines environnantes de l’exploitation. “Une fois récolté, le pollen est trié et stocké immédiatement à -18°C, où il se conserve frais plusieurs mois”, explique Virginie Paxé. Une technique “qui lui garde toutes ses propriétés”, contrairement au pollen ‘sec’ (c’est-à-dire déshydraté), souvent issu de pays “où la réglementation est moins regardante sur les éventuelles traces de pesticides ou d’insecticides qu’il pourrait contenir”, conclut l’apicultrice.

Julien Dukmedjian

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