Camille Berdugo cultive des plantes aromatiques et médicinales le plus naturellement possible.Elle réalise aussi elle-même ses semis, qu’elle repique au gré des saisons. © G. Lantes
“La tisane, ce n’est pas qu’un truc de grand-mère !”, lance Camille Berdugo. “Ça ne se boit pas seulement quand on n’est pas bien, c’est aussi une boisson que l’on prend pour se faire plaisir, avec beaucoup de saveurs différentes”, explique-t-elle. La jeune trentenaire est tombée dedans à l’adolescence, en tombant amoureuse des plantes. C’est dans les prés et bois environnant la ferme familiale, à Callas, que la jeune femme s’est découvert une véritable passion pour les plantes aromatiques et médicinales qu’elle croisait au gré de ses longues promenades. Elle préfère ainsi les parfums et les couleurs des fleurs à l’élevage caprin de sa mère, et se décide très tôt à en faire son métier.
Elle n’a pas encore 18 ans quand elle s’inscrit à l’école lyonnaise des plantes médicinales. Définitivement rat des champs plutôt que rat des villes, elle fait le choix des cours par correspondance. Pendant trois ans, elle suit une formation d’herbaliste, au cours de laquelle elle étudie dans le détail les plantes, leurs propriétés et leurs usages. Un apprentissage enrichi de l’expérience et des astuces de sa “petite mémé”.
Au plus près de la nature
Elle crée finalement son “jardin” en 2013. Le ‘Jardin des Clots’, du nom du lieu-dit où elle a grandi, naît sur les terres familiales. Au milieu des chèvres, Camille y cultive, sur un carré de 1 000 m², plusieurs variétés de basilic et de menthe, du thym citron, de la mélisse, de l’ortie, de l’achillée millefeuille, de la sauge pérenne... Pour la plupart, des plantes qui ne trouvent ici pas assez d’eau pour pousser spontanément. “J’ai d’abord choisi des plantes qui me plaisaient, et puis j’ai fait une sélection de celles qui s’adaptaient le mieux au jardin”, explique Camille.
La productrice s’astreint à travailler le plus naturellement possible. Elle a notamment opté pour le non-travail du sol. “Pour la vie du sol et l’écologie en général, je préfère ne pas y toucher. J’ai une petite surface qui me permet de tout faire manuellement et, de toute façon, je n’aime pas trop les machines”, explique-t-elle. Elle réalise aussi elle-même ses semis, qu’elle repique au gré des saisons. Et s’adapte également aux conditions locales. “Par exemple, je plante le basilic très tard à cause du risque de gel”, indique-t-elle. Elle n’utilise ni engrais ni herbicide, mais paille abondement les cultures, pour les préserver des adventices et utiliser le moins d’eau possible. La récolte se fait à la main, tout comme la cueillette sauvage qui vient compléter sa production au rythme de la nature.
Les plantes sont séchées sur place, par espèce. Après avoir ‘squatté’ un temps une pièce chez sa grand-mère, Camille a pu faire l’acquisition d’un cabanon, qu’elle a aménagé en atelier de transformation. Les fleurs et feuilles sont séchées naturellement dans des claies en bois puis stockées, en attendant d’être conditionnées en sachet, par variété ou en mélanges. Là encore, tout est fait à la main.
Des valeurs et des saveurs
“Je propose les plantes en simple ou en association, que je fais selon les goûts et les propriétés de chacune. Il y a des plantes qui se marient plus ou moins bien. Typiquement, on va éviter de mélanger celles qui ont des vertus apaisantes avec d’autres qui sont stimulantes. J’essaie beaucoup de choses différentes, car j’aime bien créer de nouveaux mélanges. Après, ça dépend aussi bien sûr des récoltes. L’an dernier j’ai fait huit mélanges différents”, présente la jeune femme.
Ses tisanes – disponibles dans quelques boutiques à Callas, Bargemon et Giens – sont aujourd’hui aussi vendues sur Internet. “Au début, je faisais le marché de mon village, mais j’y passais des heures pour pas grand-chose. Le pire, c’est quand les gens venaient et me demandaient de leur vendre les œufs du stand de ma voisine”, raconte Camille. Sur le Net, que ce soit via son site ou ses réseaux sociaux, elle touche une clientèle de citadins plus sensibles à ses produits. “Il y a une tendance dans les grandes villes qu’il n’y a pas ici”, observe-t-elle. Elle parvient ainsi désormais à commercialiser sa petite production sans difficulté. Aussi attentive au contenant qu’au contenu, la productrice utilise des emballages recyclés, en cohérence avec sa démarche environnementale. “J’ai une stratégie marketing qui tend vers quelque chose qui est à la fois joli et responsable. J’essaie de faire aussi agréable à voir qu’à boire, en respectant les valeurs avec lesquelles je travaille”, souligne-t-elle.
La jeune femme a maintenant trouvé un équilibre et continue de faire évoluer ses mélanges et ses plantations. L’an prochain, elle projette notamment d’abandonner certaines variétés de menthe et de basilic, pour produire des échinacées en plus grandes quantités, et introduire de nouvelles espèces dans son jardin, qu’elle tient à garder à taille humaine. “Je pourrais m’agrandir un peu. Cela me permettrait d’augmenter ma production et de trouver quelques boutiques en ville, pour vendre mes produits. Mais comme je fais tout moi-même, c’est tout de même un cap à passer”, entrevoit-elle.
Si son activité ne lui permet pas de se dégager un salaire à l’année, Camille vit pleinement sa passion, avec l’envie de faire découvrir ses belles plantes et “l’intelligence de la nature” au plus grand nombre.
Gabrielle Lantes
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