Pour Jean-Marie Porte, président des Caves du Commandeur, production et souci de l’environnement ne vont pas l’un sans l’autre. Et ce n’est pas nouveau. Ceci posé, la certification en Haute valeur environnementale est ainsi d’abord venue ”tout simplement formaliser les bonnes pratiques que la plupart des adhérents ont déjà adoptées depuis longtemps”.

“La HVE reconnaît et valorise le travail réalisé. Cela répond, bien sûr, à une demande sociétale, car les consommateurs ont besoin d’être rassurés.?Mais ce qui nous préoccupe surtout, c’est de participer à la préservation et au développement de la biodiversité, en particulier en limitant au maximum l’utilisation de produits phytosanitaires”, explique le vigneron.

Dynamique collective

“Les adhérents ont été particulièrement sensibles au fait que les critères de la HVE tiennent compte de la biodiversité. La certification HVE a ce mérite de mettre en valeur la richesse du territoire en la matière, et la contribution apportée par les vignerons”, confirme Pascal Fraychet, directeur de la coopérative viticole. “Ce qui a aussi retenu l’intérêt, c’est que la certification émane des autorités, ce qui amène une force de frappe pour la promouvoir”, complète-t-il. La cave se lance en 2018 avec la ferme volonté de fédérer. “Ce n’est pas une démarche extrêmement compliquée en soi, mais cela réclame de la rigueur. Ce n’est pas évident, surtout au sein d’une structure collective comme la nôtre, où certains sont très au fait et d’autres un peu moins. Dès le départ, on ne voulait donc laisser personne de côté, que ce soit l’exploitation secondaire de un ou deux hectares ou l’exploitation professionnelle de 40 hectares.”

La cave a choisi d’être accompagnée par l’ICV, et a pris en charge les frais inhérents à la certification pour l’ensemble des adhérents. Des réunions d’informations ont d’abord rassemblé tous les vignerons, qui ont ensuite suivi une formation sur plusieurs jours, avant de préparer l’audit avec un technicien de l’ICV. “L’idée était surtout de démystifier un peu cette notion de certification qui inquiète parfois. L’accompagnement de l’ICV a permis de rassurer et de dédramatiser le volet audit et contrôle. Au final, cela s’est très bien passé puisque 100 % des dossiers présentés à l’organisme certificateur officiel ont obtenu la certification du premier coup”, souligne Pascal Fraychet.

Défi relevé

Fruit de l’implication de tous, aujourd’hui 95 % des volumes de la cave sont issus d’exploitations certifiées HVE de niveau 3. 37 des 75 adhérents ont passé le cap, ce qui représente 500 des 540 hectares de vignoble que compte la coopérative, dont la production moyenne tourne autour de 30?000 hl en AOC Côtes de Provence1, AOC Coteaux Varois-en-Provence et IGP Var. “C’était très important pour nous que le projet intègre tout le monde. La dimension collective a été essentielle. En termes de visibilité, il est d’autre part intéressant d’avoir une démarche globale qui témoigne de l’homogénéité de l’ensemble de ce que l’on produit”, souligne Pascale Fraychet.

Pour les responsables de la cave, la HVE est un cheminement. “Depuis déjà de longues années, les pratiques ont évolué, les vignerons ont fait beaucoup d’efforts. Et la HVE permet de mettre les choses à plat, de faire un état des lieux pour cha­que exploitation et de remettre certains aspects en question. Cela interroge tant sur la fertilisation que le volet phytosanitaire. à l’heure de l’agribashing, c’est important de valoriser ce qui est bien fait et de réfléchir collectivement à des solutions”, défend le directeur de la cave coopérative de Montfort. Dans le mê­me esprit, il n’est pas question d’opposer HVE et AB. La cave compte déjà deux adhérents en bio, et suite à la certification en HVE, deux autres exploitations ont décidé de se convertir à l’agriculture biologique.

Pour ce millésime 2019, toutes les cuvées vendues au caveau pourront être estampillées du logo HVE, et la cave s’attelle aussi à proposer un maximum de cuves labellisées au négoce. 35 à 40 % de la production est commercialisée en vente directe et à l’export, le reste en vrac. Les responsables de la cave n’attendent pas de plus-value. Le premier avantage de la HVE, pour Jean-Marie Porte, est de permettre “aux adhérents de se retrouver pour relever ensemble le défi d’une planète propre” à transmettre aux générations futures.

Gabrielle Lantes