Figure bien connue du monde agricole, Sylvain Audemard, 45 ans, a été élu à la tête de la FDSEA du Var, et succède à Antoine Pastorelli. © GL
Installé en viticulture depuis bientôt 20 ans à Besse-sur-Issole, à la fois vigneron coopérateur et indépendant, Sylvain Audemard est une figure bien connue du monde agricole. Ancien président des Jeunes agriculteurs du Var (de 2007 à 2010), il était depuis 2017 le secrétaire général de la FDSEA. Homme de terrain, il succède à Antoine Pastorelli, auquel il rend hommage pour son action et son engagement au sein de la fédération. “Antoine est très investi depuis toujours, et il a fait l’effort, en 2017, de reprendre la FDSEA après quelques années de tumulte. Il a relancé la machine sur les bons rails et ce travail a été essentiel”, salue-t-il.
Dans la même lignée, le nouveau président départemental du syndicat majoritaire, vice-président de la Chambre d’agriculture du Var, souhaite notamment poursuivre le travail engagé sur l’environnement, le renouvellement des générations, mais aussi relever les défis de l’adaptation de l’agriculture aux nouveaux enjeux du changement climatique ou de la transition écologique parmi tant d’autres sujets.
Foncier, installation, irrigation, environnement… des dossiers de fond
Plusieurs dossiers de fond sont au cœur des préoccupations de la FDSEA du Var, à commencer par les questions étroitement liées du foncier et de l’installation. “Il y a très peu de foncier agricole disponible dans notre département, ce qui fait flamber les prix, entraîne de la concurrence pour les agriculteurs déjà en place, et encore plus pour les jeunes qui veulent s’installer. Il y a un travail important à mener, et nous nous y attelons notamment avec le plan de reconquête agricole, porté par la Chambre d’agriculture. Il faut prendre ces questions dans leur globalité, à l’échelle des territoires, car il est très compliqué d’installer au cas par cas. Se posent aussi les problèmes des moyens financiers et de formation. Il faut accompagner les projets et être attentifs à la destination des terres, car il y a encore beaucoup de rêveurs qui voudraient pouvoir construire sur des terrains agricoles. Il faut aussi communiquer davantage et surtout diffuser l’image positive de l’agriculture auprès des jeunes comme du grand public”, explique Sylvain Audemard.
Les relations avec la “société civile” sont un autre enjeu majeur pour l’agriculteur. “Ces derniers sont de plus en plus stigmatisés et décriés par des bobos qui se disent écolos, et des néoruraux avec lesquels le partage de l’espace est difficile. Le monde rural évolue. La population de nos villages a fortement augmenté. On a créé des cités dortoirs où il y a des gens qui sont souvent là par défaut, car se loger coûte trop cher sur les agglomérations dans lesquelles ils travaillent. Du coup, il y a de plus en plus de conflits sur le bruit, les odeurs, les traitements, la chasse… Il faut que chacun comprenne les droits et les obligations de l’agriculture et qu’on nous laisse faire notre métier”, expose Sylvain Audemard.
“Alors qu’on a vu des écologistes arriver à la tête de grandes agglomérations lors des dernières municipales, il faut rester particulièrement vigilant à la vision citadine et peu objective de la ruralité que certains voudraient nous imposer. Les agriculteurs font de l’écologie tous les jours ; on travaille avec ; on crée de la biodiversité qui se nourrit de la mosaïque de nos cultures. On ne fait pas de l’écologie théorique au frais dans un bureau climatisé”, plaide-t-il. “Il y a un exemple criant chez nous sur la tortue d’Hermann, que certains ont découvert en photos sur les bancs d’une université, et qui veulent nous donner des leçons, alors que nous vivons et travaillons avec depuis toujours. Sans agriculture, il n’y aurait que des milieux fermés en proie au risque incendie et plus de tortue dans la nature !”, illustre-t-il.
Dans ce contexte, le syndicaliste refuse que l’agriculture perde la main sur la question de la transition écologique. Les agriculteurs ont su et continuent de se former pour s’adapter aux contraintes de culture, répondre aux attentes de la société et faire évoluer les pratiques, on ne le dit pas assez. “Il faut être fier de nos métiers, fier de ce que l’on fait, fier d’avoir ici le plus bas IFT (indicateur de fréquence de traitements phytosanitaires) de France, fier d’être le premier département bio du pays. Malheureusement, les médias grand public et l’administration ne nous soutiennent pas”, poursuit-il.
Valoriser l’agriculture de proximité et ses produits
Pour le désormais président de la FDSEA 83, l’agriculture doit être au centre d’un projet collectif de société.
“Il y a eu une prise de conscience pendant le confinement. On observe que ça retombe depuis, néanmoins une partie des consommateurs continue de s’alimenter en local. On a la chance d’avoir, dans ce département, des filières porteuses et un bassin de consommation dynamique. Il faut donc continuer, comme nous le faisons, à mettre en œuvre le programme de la Chambre d’agriculture pour développer encore la vente directe et les circuits courts. Il faut que les collectivités s’engagent pour mettre en place des projets de territoire gagnant-gagnant. Il faut aussi que la loi pousse dans ce sens”, argumente Sylvain Audemard.
Dans cette perspective, le représentant varois de la FNSEA souligne par ailleurs l’importance de l’irrigation et des projets d’extension du réseau en cours. “Ce dossier a plusieurs volets. Il y a l’irrigation de cultures en place, notamment la viticulture, car face au changement climatique, il faut pouvoir préserver le matériel végétal, la quantité et la qualité des récoltes ; cependant, pour sortir de l’ultra-spécialisation viticole et aller vers plus de diversification, pour répondre à la demande locale, en remettant en place des filières alimentaires, il faut de l’eau. D’autant que l’irrigation dessert plus largement le monde rural et participe à la sécurisation de l’alimentation en eau des territoires.”
“Il faut remettre l’église au centre du village et rendre ses lettres de noblesse à l’agriculture”, résume finalement Sylvain Audemard. “Pour cela, il faut rester soudés. Il faut se syndiquer, être actif sur le terrain, faire remonter les problèmes de la base, car c’est de la base que doivent aussi émerger les solutions”, conclut-il.
Gabrielle Lantes
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