S’il est pour l’heure encore compliqué de se prononcer sur les quantités, les responsables viticoles s’accordent sur la qualité de ce millésime 2019 (photo :Gabrielle Lantes).
Précoces, ces vendanges auront surtout été particulièrement hétérogènes. Les raisons sont multiples : les épisodes de gel et de grêle qui ont frappé le vignoble du département d’une part, mais aussi la vague de froid printanière qui a pu freiner le cycle végétatif de la vigne d’autre part et, enfin, le régime hydrique qui a également entraîné des disparités sur ce millésime, marqué une fois encore par la sécheresse. “On voyait dès le début du mois d’août qu’il y avait beaucoup de variabilité entre les parcelles, mais aussi au sein de mêmes parcelles. Cela a posé question sur les dates d’ouverture des caves. Mais les contrôles répétés de maturité, devenus indispensables, ont permis d’être pointus et de rentrer les raisins au bon moment”, souligne Arnaud Morand, œnologue consultant de l’ICV Provence.
Sélection et organisation des apports ont notamment été revues, pour faire face aux conséquences du gel. “Le gel a beaucoup touché le grenache. Il a donc fallu sélectionner et isoler des lots. Un autre souci quand il y a une petite récolte, c’est le remplissage des pressoirs : il fallait gérer les apports au mieux, pour rester sur des temps de remplissage corrects, ou travailler sur l’enzymage, pour aider à libérer plus rapidement les jus”, poursuit l’œnologue.
Une récolte impactée par les accidents climatiques
En termes de quantité, gel et grêle ont diversement, mais largement, impacté le vignoble. Et si, de l’avis général, la situation paraît moins catastrophique que prévu, ces aléas ne seront néanmoins pas sans conséquences sur les volumes. “Certains secteurs ont été très durement touchés par le gel et font de petites récoltes ; d’autres ont été épargnés et la récolte est plutôt belle. Il semble que l’impact soit moindre que ce que l’on craignait là où ça a gelé, mais il faut attendre la fin des vendanges pour faire le compte”, indique Éric Pastorino, prudent président du Syndicat des Côtes de Provence, qui n’avait pas connu de gel d’une telle ampleur depuis les années 90.
Pour l’AOC Coteaux Varois en Provence, le président de l’ODG, Éric Lambert, table sur une récolte en baisse de 10 % à 20 % par rapport à l’année dernière. Sur son territoire, la baisse de production est plus due aux deux épisodes de grêle – qui ont concerné le Haut Var et le secteur de la Sainte-Baume – qu’au gel. Mais, là encore, les vendanges ne sont pas terminées, d’autant que l’AOC se situe en secteur tardif. “C’est encore un peu tôt pour avoir une vue précise sur les volumes. Mais les pertes sont globalement moindres que dans d’autres coins, et les rendements en jus sont plutôt bons”, note Éric Lambert.
En Bandol, “il y a eu un petit peu de gel par endroits, avec des conséquences là où les bourgeons ont gelé, mais sans commune mesure avec les secteurs où ça a frappé le plus fort”, explique le président de l’AOC, Cédric Gravier. “On a encore un millésime sec, ce qui veut dire un excellent état sanitaire des raisins avec, en possible contrepartie, des rendements en jus plus faibles. Mais il reste encore une petite semaine de vendange à certains. On n’a pas encore fait de bilan au niveau, il est donc trop tôt pour se prononcer sur les quantités”, déclare-t-il par ailleurs.
Enfin, pour les IGP Var, “il y a eu plus ou moins de remontées en fonction de l’âge des vignes après le gel. Mais les rendements restent en deçà de ceux que l’on connaît habituellement”, observe Éric Paul. “Les volumes sont en berne, on s’attend à une baisse de l’ordre de 50 %”, annonce le président du Syndicat des vignerons du Var, avant de poursuivre : “Après, les vendanges ne sont pas terminées, notamment parce que les vignerons ont à cœur d’aller chercher les maturités idéales. Sur un marché demandeur, il est important de nous appliquer à être toujours plus performants dans nos vignobles, pour produire une IGP de qualité, qui a toutefois besoin de volume, et conforter ainsi ses positions sur le marché national”.
Un millésime de grande qualité
S’il est pour l’heure encore compliqué de se prononcer sur les quantités, les responsables viticoles s’accordent sur la qualité de ce millésime 2019. “Belles acidités” en Bandol, “raisin superbe” en Coteau Varois en Provence, “jolies couleurs et beaux équilibres” en IGP, et “grande qualité” en Côtes de Provence annoncent des vins prometteurs. “On est vraiment sur un très beau millésime”, assure aussi Arnaud Morand.
Pour l’expert de l’ICV, si cette petite récolte a nécessité une organisation et une attention particulière, le résultat est plus que satisfaisant. “Une des principales particularités de cette campagne, ce sont des pH élevés, en raison de ce millésime plutôt chaud. Mais ça se corrige. Les contrôles ont été importants pour faire des acidifications le plus tôt possible ; et puis cela n’implique pas forcément de problèmes d’équilibre en bouche”, développe l’œnologue. “C’est un millésime finalement assez facile au niveau vinification, dans le sens où la qualité du raisin est exceptionnelle. On a aussi, de manière générale, des rendements en jus étonnamment plutôt bons, malgré le stress hydrique, et des jus francs et très aromatiques à la dégustation”, commente-t-il. “On voit sur les premiers vins que les profils ont bien répondu, aussi bien sur les thiols que sur les amyliques. On a vraiment de très jolies choses, et les vins sont rapidement disponibles après soutirage”, apprécie encore Arnaud Morand, qui invite à rester vigilant tant que le raisin entre en cave.
Gabrielle Lantes
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