Anne Caluzio et Maurin Pisani, les producteurs, aux côtés de Patrice Brun, président de la Safer Paca.
Pour Anne Caluzio et Maurin Pisani, jeunes agriculteurs installés depuis peu sur cette propriété de la Safer Paca, c’est un rêve qui se réalise ici à Placassier. Après avoir travaillé plusieurs années chez des producteurs de PPAM du secteur, ils constatent qu’il existe de la demande, et entreprennent de créer leur production de jasmin, fleur emblématique de Grasse. Ils se mettent alors en quête d’un terrain, sans succès. Voilà plus de trois ans que le couple cherchait des terres où s’établir. Les difficultés d’accès au foncier, rare et cher, ont été le principal écueil pour ces candidats à l’installation, passionnés et déterminés.
Anne et Maurin sont finalement contactés par la Safer Paca fin 2017. Celle-ci vient d’acquérir à l’amiable une des dernières propriétés agricoles de la banlieue de Grasse dans le cadre d’une succession. La candidature du couple est retenue. Les jeunes gens se tournent vers les banques pour pouvoir racheter le site. Le projet est construit, réfléchi et le débouché est là. Pourtant, faute d’apport suffisant, les demandes de prêt sont refusées. “Nous ne pensions pas que ce projet rencontrerait des difficultés de financement. Aussi, comme nous étions en pleine réflexion avec la Région et Coop de France sur la création d’une SCIC (société coopérative d’investissement collectif, ndlr), nous avons considéré que cette affaire pouvait constituer un excellent premier dossier de financement”, explique Patrice Brun, président de la Safer Paca.
L’organisme mène une politique de stockage importante qui rencontre pourtant des limites. “En septembre 2018, nous avons atteint les 30 millions d’euros de stocks, et il ne serait pas financièrement et stratégiquement sain et rigoureux d’aller au-delà”, précise Patrice Brun. C’est de ce constat qu’a émergé la volonté de mettre en place des outils innovants de portage du foncier. Démarche qui aboutit aujourd’hui à la création de la SCIC Terre Adonis. La structure, propriétaire des terres, les met à disposition des agriculteurs via un bail rural pluriannuel. La SCIC présente ainsi l’avantage de soutenir l’installation, “en captant des financements à la fois publics et privés. Le but final étant que l’exploitant puisse devenir propriétaire du foncier”, expose Jean-Philippe Frère, président du comité technique départemental Safer des Alpes-Maritimes.
Une alternative innovante au financement classique
Outre la Safer Paca, la Région et Coop de France, les collectivités peuvent participer au financement de la SCIC en achetant des parts sociales, et ainsi favoriser la préservation d’un foncier agricole essentiel à leur territoire. Les acteurs privés peuvent également investir dans la SCIC, soit par l’acquisition de parts sociales, soit par des apports en comptes courants. L’exploitant agricole a également la possibilité d’entrer au capital de la SCIC. Les partenaires potentiels sont donc nombreux. D’ores et déjà, la Safer Paca doit abonder à hauteur d’un million d’euros au lancement de Terre Adonis. “Ce nom, c’est un double symbole : celui de la beauté, à travers le dieu grec, et celui d’une plante messicole méditerranéenne en voie de disparition…”, souligne Patrice Brun.
“C’est une vraie nouveauté d’associer acteurs publics et entreprises privées. Cela permet de favoriser les cofinancements, et de démultiplier nos capacités d’intervention. Jusqu’à présent, la Safer portait seule cet important investissement. Ici, à Grasse, toutes les énergies sont réunies pour faire aboutir ce très beau projet”, ajoute Max Lefèvre, directeur de la Safer Paca. La présence de nombreux acteurs du territoire, élus, représentants professionnels agricoles, parfumeurs, lors de l’inauguration du domaine est venue souligner le caractère fédérateur de la démarche. “Cette installation est le fruit d’un travail collectif qui prouve qu’en réunissant toutes les forces en présence, on arrive à déplacer des montagnes”, se félicite Jérôme Viaud. Le maire de Grasse et président de la communauté d’agglomération du Pays de Grasse insiste sur la nécessaire implication des collectivités dans une politique de préservation du foncier agricole, mais aussi de développement de l’agriculture, notamment au travers des documents d’urbanisme.
“C’est la confiance qui nous unit aujourd’hui”, estime pour sa part Armelle Janodi, présidente de l’association de producteurs de PPAM “Les fleurs d’exception du Pays de Grasse”. “Quand j’ai rencontré ceux qui posaient les jalons de notre association en 2009, il n’y avait pas de terrain, pas de demande, et de toute façon pas de plante à mettre en terre. Mais il y avait la confiance dans cette filière unique, dans le savoir-faire des producteurs, et la qualité exceptionnelle de leurs produits”, retrace-t-elle. Depuis, du chemin a été parcouru pour redynamiser la filière, accompagner les producteurs, et faciliter les installations.
Pour Maurin Pisani et Anne Caluzio, “l’engouement qui s’exprime autour du projet fait chaud au cœur et rassure. C’est une chance d’avancer avec l’ensemble d’un territoire, que ce soit les politiques qui nous soutiennent, la profession qui nous accompagne, ou même les voisins qui nous ont accueillis à bras ouverts”, se réjouissent les jeunes producteurs de jasmin.
Gabrielle Lantes
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